L’AVENIR DU BÂTIMENT : Chris Millard, de Balfour Beatty, prédit un avenir prometteur pour la technologie 3D
Nick Lerner
26 October 2013
5 minutes
La société Balfour Beatty, qui emploie environ 50 000 personnes dans le monde, est une société d’envergure mondiale proposant des services relatifs au cycle de vie des infrastructures. Compass s’est entretenu avec le Dr. Chris Millard, directeur de l’efficacité opérationnelle pour la division UK Construction de Balfour Beatty, sur la réalisation de projets et la construction collaborative intégrées.
COMPASS: Quel est votre rôle au sein de Balfour Beatty ?
CHRIS MILLARD: IL’innovation, la durabilité et les capacités de livraison sont les thèmes sur lesquels je concentre mes efforts chez Balfour Beatty. Je travaille de manière transversale avec des équipes actives dans l’ensemble des domaines d’expertise et provenant aussi bien de notre entreprise que de l’extérieur. Nous travaillons sur le transport, l’énergie, les infrastructures pour l’éducation, la santé et les sports, les services collectifs, l’hébergement et les loisirs, ainsi que l’immobilier commercial. Je mets en place des principes et des pratiques de gestion et de leadership permettant d’améliorer l’efficacité et de réduire les déchets de chantiers de presque 60%.
Quels sont les principaux défis pour l’industrie du bâtiment ?
CM: En raison de la morosité de l’économie et des réductions sur les dépenses d’infrastructure, nous devons offrir une valeur plus importante aux parties prenantes. Nous pouvons y parvenir si, en concentrant nos efforts sur le développement durable, nous fournissons et maintenons une valeur reconnaissable pour nos clients. La réduction des déchets a des avantages financiers et écologiques. Susciter constamment l’efficacité opérationnelle grâce à des améliorations intégrées systématiques est une condition préalable aux bonnes pratiques. Il est important de décloisonner l’information et d’intégrer les équipes afin de fournir avec succès et de manière rentable d’excellents projets.
De quelle manière ces améliorations touchent-elles les différents acteurs des partenariats public-privé (PPP) et des initiatives de financement privé (PFI) ?
CM: Pour impliquer efficacement les acteurs des PPP et des PFI, il est indispensable d’optimiser le cycle de vie des projets et d’apporter la preuve de leur valeur d’un bout à l’autre de ce cycle de vie. En obtenant la participation active et constructive des différents acteurs concernés grâce aux technologies de simulation et de visualisation 3D à un stade précoce du projet, chacun des acteurs peut voir le résultat final et le valider, ce qui nous permet de comprendre les besoins de façon plus précise et d’y répondre de manière innovante. La modélisation et la simulation des projets et des budgets sur la totalité de leur cycle de vie sont la base de cette transparence. Par ailleurs, la Réalité Virtuelle augmente la confiance des différentes parties prenantes en nous permettant d’améliorer la performance des bâtiments tout en minimisant les frais d’exploitation et de maintenance.
Dr CHRIS MILLARD, Directeur de l’Efficacité Opérationnelle, Division Construction UK, Balfour Beatty
Quel est l’avantage de la construction collaborative et de l’exécution intégrées d’un projet pour le secteur du bâtiment, par rapport aux processus traditionnels ?
CM: Le secteur du bâtiment est depuis longtemps fragmenté et régi par des processus séquentiels : constitution d’un dossier, établissement d’un devis, appel d’offres, modification de la conception, nouvel appel d’offres, création de lots de travaux, phase de construction, etc. De nombreuses entreprises fonctionnent encore de cette façon, même s’il est clair que cette procédure est peu rentable. Nous gagnons une véritable valeur en intégrant les partenaires de la chaîne d’approvisionnement et de l’exécution du projet à un stade avancé, dès la phase de conception. Des équipes multidisciplinaires planifient et modifient ensemble, afin de définir de meilleures solutions.
60%
Les pratiques collaboratives de construction de Balfour Beatty réduisent les déchets de chantiers de 56%, les émissions de CO2 de 42% et l’utilisation directe de l’eau de 54%.
Pouvez-vous nous citer un exemple ?
CM: L’Aquatics Centre, le centre aquatique des Jeux Olympiques 2012 à Londres, a été l’occasion de réunir des équipes multifonctionnelles d’ingénieurs spécialisés dans la mécanique, les structures, l’architecture et le génie civil, ainsi que des ingénieurs de terrain autour d’un projet extrêmement innovant présentant de nombreux défis techniques et opérationnels. Ce projet a nécessité des opérations très complexes, telles que l’enfouissement de piliers à neuf mètres de profondeur sous le niveau de la nappe phréatique dans un site présentant de multiples contraintes, et la conception et la construction d’un toit suspendu à grande hauteur et à double courbure.
La beauté, la fonctionnalité et l’architecture de l’Aquatics Centre témoignent des avantages de la construction collaborative dans le cadre de la réalisation d’un projet intégré.
Aujourd’hui, quelle est la part de la construction collaborative et de l’exécution intégrées de projets dans l’industrie ?
CM: Elle est franchement insuffisante. Malgré tout, certains secteurs industriels bien informés reconnaissent cette façon d’améliorer les processus et en tirent parti. Lors de la relance économique, ceux qui disposeront des processus appropriés seront préparés et prêts pour la reprise, capables de maximiser leur avantage, alors que les autres ne seront pas en mesure de se maintenir.
Que doivent faire les entreprises pour profiter de ces avantages ?
CM: Dans certains pays, les gouvernements ont adopté des mesures de soutien pour les entreprises qui souhaitent appliquer des programmes d’exécution de projets intégrés. Des ressources sont disponibles auprès d’industriels de premier plan et de partenaires potentiels. Des partenaires de transformation des entreprises assurent actuellement la transmission de modes de travail collaboratifs et aident les entreprises à produire de la valeur en s’appuyant sur de nouvelles technologies. En outre, de nombreux dirigeants d’entreprise comprennent maintenant l’importance de ce mode de travail et s’engagent dans cette voie.
En quoi la réalisation intégrée et la prise en charge collaborative des projets modifient l’expérience des différents intervenants ?
CM: Ces approches aident à comprendre les différents niveaux de transformation. Comprendre les exigences des parties prenantes permet d’élaborer dans les délais impartis des solutions adaptées, plus innovantes et économiques. Il est important que les différents acteurs d’un projet disposent d’un accès universel aux données 3D de façon constructive. La simulation 3D modifie les perceptions et permet de prendre de meilleures décisions en étant mieux informé.
De quelle manière le coût des propriétaires lié aux cycles de vie est-il pris en compte dans ces approches ?
CM: En impliquant les propriétaires via des modèles 3D aux fonctionnalités complètes et en leur permettant de visualiser de façon réaliste les biens immobiliers futurs, on favorise la richesse et la précocité du dialogue. Pour les installations complexes, les modèles en 3D permettent aux propriétaires de prévoir la maintenance sans recourir à des interruptions de fonctionnement. Les propriétaires accordent une valeur importante à la transparence du budget et à la facilité d’accès aux informations. Grâce à la 3D, ces éléments font partie intégrante des projets dès leur création.
Quelle est votre vision du secteur du bâtiment pour l’avenir ?
CM: Travailler sur un projet et le mener à bien au moyen d’une plateforme d’expérience collaborative unifiée offre d’énormes avantages. Nous avons besoin de bâtiments et d’infrastructure durables, adaptables et reconfigurables. La modélisation numérique en 3D, la modification des processus et l’utilisation des technologies pour l’intégration et la collaboration sont autant de démarches à adopter pour atteindre cet objectif et contribuer de manière positive au bien-être de la société. J’aimerais voir une accélération de l’essor du secteur du bâtiment.