La gestion du cycle de vie des produits (PLM, Product lifecycle management) est un terme relativement nouveau dans le secteur de la gestion des ressources. Cette discipline suit et facilite l’intégralité du processus de développement des produits, de la réflexion initiale à la conception, sans oublier le perfectionnement, le lancement ou encore l'examen de la réglementation. Sa popularité dans les services financiers ne cesse de grandir.
« Bien que courante dans les secteurs de l'ingénierie et de la fabrication, le PLM n'a pas encore envahi les services financiers », observe William Lucken, responsable mondial des produits chez Allianz Global Investors, une société internationale de gestion d'actifs implantée à Francfort, en Allemagne.
« Les gestionnaires d'actifs disposent d'un éventail d'outils sophistiqués qui leur permettent d'exceller dans la gestion de portefeuille », indique-t-il. « Mais d'après mon expérience dans l'univers des produits, tous les gestionnaires d'actifs ne poussent pas la sophistication aussi loin.
Il est temps que les gestionnaires d'actifs aillent au-delà des outils habituels qui ne conservent aucun historique, notamment les feuilles de calcul et les e-mails », prévient-il.
« Nous utilisons une technologie vieille de 30 ans sans la remettre en question », dit-il. « Nous ne pouvons plus nous permettre de gérer notre activité de cette façon quand le reste du monde et notre vie quotidienne se sont transformés d'un point de vue technologique ».
CONCURRENCE, CONTEXTE ET CHANGEMENT
Comme l'a observé Abhijit Rawal, de PwC, lors d'une conférence de la London Business School en 2017, le secteur de la gestion des ressources a été transformé par les « quatre R » : rendements faibles, revenus en baisse, réglementations renforcées et robots en passe de rafler le marché.
Il est impératif que les gestionnaires d'actifs prennent conscience de la nécessité d'intégrer les nouvelles technologies tout au long du processus de développement des produits. Mais il ne s'agit pas simplement de mettre à jour des infrastructures technologiques désuettes, il faut aussi proposer des produits qui survivront et prospéreront dans un secteur financier toujours plus concurrentiel et volatile.
« En raison de la volatilité et des mutations du marché, il existe un risque de commettre des erreurs dans le processus de développement par manque de contrôle adéquat de l'information », avertit William Lucken, d'Allianz. « Une plate-forme PLM doit permettre aux entreprises de mieux enregistrer les décisions prises (pourquoi et sur la base de quelles données nous prenons certaines décisions) afin de mieux contrôler chaque étape. »
AU-DELÀ DU RENDEMENT DES INVESTISSEMENTS
Les transformations macroéconomiques radicales ont également eu une incidence sur les besoins et les attentes des clients. Jaspal Sagger, responsable des produits internationaux pour la société de gestion d’actifs Legg Mason, implantée à Baltimore, pense qu'en matière de stratégie de placement, les clients regardent désormais au-delà des indices de référence tels que la performance relative des investissements.
« Historiquement, les gestionnaires d'actifs s'affrontaient sur le seul critère de la performance et réalisaient des bénéfices substantiels sur les actifs enregistrés dans les périodes favorables », raconte-t-il. « Mais le paysage est très différent aujourd'hui : une concurrence intense a réduit les marges, tandis que les investisseurs sont mieux informés des risques liés à la chasse au rendement. La performance sera toujours importante, mais nous prévoyons une nouvelle orientation vers des stratégies axées sur les résultats attendus par les clients, et plus seulement liées à l'évolution de la conjoncture économique ou des données démographiques ou réglementaires.
Pour Jaspal Sagger, les distributeurs cherchent à s'associer avec un plus petit nombre de sociétés de gestion d'actifs. Par conséquent, les gestionnaires dont les processus PLM seront les plus structurés auront plus de chances de réussir dans l'avenir.
« C'est particulièrement vrai lorsque le PLM se concentre sur des produits et supports bien conçus, différenciés, vendus à un prix juste et répondant à un besoin précis des clients », précise Jaspal Sagger.
LA MÉMOIRE À LONG TERME
Auparavant, les produits pouvaient être livrés sous forme de présentations PowerPoint et archivés de manière anarchique par e-mail.
Mais une approche plus rigoureuse du PLM, dans laquelle chaque étape du processus de développement du produit est suivie et enregistrée, permet de gagner beaucoup de temps et d'argent, et évite d'oublier les bonnes idées lorsque leurs initiateurs changent de poste.
« Les thématiques d’investissement reviennent de manière assez cyclique », observe William Lucken, d’Allianz. « Des idées qui étaient démodées il y a 10 ans peuvent subitement remonter à la surface et s'avérer intéressantes. Mais si vous n'avez pas d'outil pour enregistrer vos actions et décisions passées ni les raisons inhérentes, alors votre destin se résumera à une répétition infinie de cycles. »
Un processus PLM efficace peut renforcer considérablement l’historique d'une entreprise ; c'est pourquoi il occupe une place de plus en plus importante dans le secteur de la gestion des ressources.
« La gestion du cycle de vie des produits s'étend au-delà de son rôle traditionnel de système d'ingénierie, pour être de plus en plus souvent considérée comme un élément fort de l'infrastructure de l'entreprise, voire l'élément clé, à savoir le garant de la propriété intellectuelle », a récemment témoigné Tim Burks, responsable de la GCVP aux États-Unis pour PwC, sur le site d'information en ligne Raconteur.
Non seulement aucune idée n'est jamais oubliée avec le PLM mais, lorsque le développement d'un produit est géré de manière efficace et cohérente, toutes les idées générées sont en harmonie avec la stratégie globale de l'entreprise.
« En matière de gestion de placements, on ne peut affirmer que le développement d'un produit est vraiment bon que si tout le monde comprend les avantages du support pour le client final », explique William Lucken. « Si ce n’est pas le cas, s’ils sont trop peu ou si les données ne sont pas disponibles, ils n’auront pas une vue d'ensemble de ce que le produit vise à réaliser.
Nombreux sont ceux qui vont au travail tous les jours et tournent simplement la manivelle », constate William Lucken. « Au contraire, un PLM efficace doit faire en sorte que chacun sache ce qui se passe et pourquoi. »