Les résidents de Londres n'ont pas besoin d'acheter des articles électroménagers, des outils de jardinage ou du matériel de camping. Ils peuvent simplement les emprunter, ainsi que d'autres articles, à la Bibliothèque des objets pour une somme modique. Cette bibliothèque n'est qu'un exemple de la façon dont la ville est en train de basculer dans l'économie circulaire et s'engage à réduire tout ce qu'une ville consomme et rejette, tout en créant des emplois dans la réutilisation, la réparation, la remise à neuf et l'innovation dans les matériaux.
« La mairie de Londres et le London Waste and Recycling Board collaborent sur un certain nombre d'initiatives dans ce domaine », indique Shirley Rodrigues, adjointe au maire pour l'environnement et l'énergie à Londres. « Parmi ces projets, il y a l'élaboration d'une feuille de route pour la transition vers l'économie circulaire, un programme d'investissement pour soutenir les petites et moyennes entreprises dans ce secteur, et l'intégration des principes de l'économie circulaire dans l'attribution des marchés au sein de l'Autorité du Grand Londres. »
Plus les populations urbaines augmentent, et plus la pression des villes sur les ressources s'intensifie. Mais cela fait également de la ville le lieu idéal pour trouver des solutions qui génèrent des avantages considérables.
Selon Shirley Rodrigues, les activités de l'économie circulaire de Londres pourraient créer 12 000 nouveaux emplois d'ici 2030 et générer 7 milliards de livres (9,06 Md$ / 8,3 Md€) en investissement annuel d'ici 2036, auxquels s'ajoute une économie de 5 milliards de livres (6,47 Md$ / 5,93 Md€) réalisée en évitant les coûts d'infrastructure de traitement des déchets de 2016 à 2050. En réduisant les déchets, l'initiative devrait également libérer des terrains auparavant nécessaires à la gestion des déchets pour d'autres usages.
OPPORTUNITÉS TRANSFORMATRICES
« Les villes font face à des défis et opportunités dans trois domaines : les déchets, la mobilité et l'environnement bâti », explique Antonia Gawel, qui dirige les initiatives d'économie circulaire et de protection de l'environnement au Forum économique mondial (WEF), l'organisation internationale basée en Suisse pour la coopération public-privé sur des programmes mondiaux, régionaux et industriels. « Elles peuvent mettre en œuvre diverses mesures qui génèrent des avantages économiques directs ou indirects dans chaque domaine. »
À titre d'exemple, précise Antonia Gawel, on peut citer l'utilisation de bio-raffineries pour convertir les déchets alimentaires en carburant, la transformation des matériaux de construction, la fourniture de produits en tant que service, et la mise en place de nouveaux modèles économiques sur la manière d'attribuer, utiliser et occuper des bâtiments et infrastructures.
Les technologies qui intègrent l'Internet des objets (IoT), l'analytique du Big Data et l'intelligence artificielle (AI) aident à faire vivre l'économie circulaire.
À San Francisco, par exemple, des poubelles fonctionnant à l'énergie solaire et dotées de capteurs transmettent des données via l'IoT, ce qui permet aux collectivités locales d'utiliser les véhicules, le carburant et les infrastructures de manière plus efficace en planifiant les itinéraires de collecte en fonction des niveaux de déchets.
À Helsinki, une application de « mobilité en tant que service » (MaaS) lancée récemment permet aux utilisateurs de prévoir et de réserver des voyages sur les transports publics et privés, y compris via les bus, taxis et trains, ainsi que de partager des autos et des vélos. L'objectif est de réduire le taux de possession des voitures particulières et les encombrements et de faire un meilleur usage des infrastructures existantes au lieu d'en construire davantage.
De son côté, la société hollandaise Philips Lighting met en location un éclairage intelligent en tant que service dans le monde entier à travers un modèle de « paiement au lux consommé ». Phillips assume la responsabilité de l'équipement, et utilise les données recueillies par les éclairages via l'IoT pour améliorer la maintenance, la remise en état et la récupération, plutôt que l'élimination.
« La transformation digitale procure les outils dont nous avons besoin pour faciliter la transition des gens vers une économie circulaire », déclare Antonia Gawel.v« Tout d'un coup, nous disposons d'outils et d'approches pour la gestion des flux de personnes dans les villes, par exemple en tirant parti de la capacité inutilisée des voitures qui restent la plupart du temps en stationnement dans les rues. Les autorités municipales peuvent ainsi suivre les stocks et les actifs pour savoir à quel moment entretenir ou remplacer des composants. Il devient de plus en plus inutile de construire d'autres infrastructures ; nous pouvons utiliser l'infrastructure dont nous disposons de manière plus efficace. »
LA VOIE À SUIVRE
Malgré les progrès réalisés, l'économie circulaire a un long chemin à parcourir avant de devenir une réalité.
« L'éducation sur le terrain [des économies circulaires] est lamentablement insuffisante. Il est indispensable de développer les compétences et les connaissances des éducateurs afin qu'ils puissent nous instruire sur la façon dont fonctionne l'économie circulaire », explique David Peck, chercheur principal et professeur spécialisé dans les matériaux critiques et la conception circulaire à la Delft University of Technology (TU Delft) des Pays-Bas.
« Les entreprises devront également travailler plus étroitement avec les décideurs, les organismes de réglementation et les gouvernements, et rechercher des avantages mutuels », ajoute-t-il. « Elles devront adopter des modèles économiques inhabituels en partenariat avec des organisations et entreprises avec lesquelles elles n'auraient peut-être jamais envisagé de travailler. Et les décideurs devront jouer un rôle central dans les choix que nous devons faire. Par exemple, les choix opérés dans le domaine des achats du secteur public peuvent donner un véritable élan. »
Selon lui, pour faire fonctionner l'économie circulaire, les éducateurs doivent autant concentrer leurs efforts sur les entrepreneurs que sur les individus. L'université TU Delft encourage la collaboration avec des partenaires des secteurs public et privé, y compris la Fondation Ellen MacArthur - pionnière dans la promotion des avantages économiques de l'économie circulaire - afin d'élaborer des programmes d'enseignement et de recherche.
L'université collabore également avec des partenaires industriels sous l'égide de l'Amsterdam Institute for Advanced Metropolitan Solutions, pour aider des organisations de tous les horizons (science, éducation, gouvernement, entreprise et secteur public) à trouver des solutions aux problématiques de consommation et d'élimination auxquelles les villes sont confrontées. Le partenariat avec des sociétés pour se concentrer sur la ville circulaire est également une des priorités du travail engagé par l'université TU Delft avec le consortium European Institute of Innovation and Technology Raw Materials et le Centre Leiden-Delft-Erasmus pour le développement durable.
« Nous assistons aux débuts de la transition vers une économie circulaire dans les villes, avec l'inscription de villes circulaires dans le réseau Ellen MacArthur Foundation et à travers l'Union européenne dans des projets financés par l'UE », déclare David Peck. « L'approche circulaire peut être appliquée au niveau de la ville, ce qui fait des villes l'endroit idéal pour mettre les choses en marche. »
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