COMPASS : Parlez-nous un peu de l'histoire, des objectifs et de la mission actuelle d'Aden Group.
FRANÇOIS AMMAN : Depuis la création d'Aden Group en 1997, nous sommes devenus un acteur majeur en Chine et en Asie du Sud-Est. Nous comptons 26 000 collaborateurs, travaillons avec plus de 2 000 clients, et possédons un large réseau d'activités et de partenariats. Aden Group gère les activités non stratégiques des clients, afin de les aider à optimiser leurs opérations, à respecter les réglementations et à réduire l'impact environnemental de leurs biens immobiliers.
En quoi recommanderiez-vous la gestion des installations aux propriétaires d'immeubles ?
FRANÇOIS AMMAN : Le coût du cycle de vie d'un bâtiment en capital représente 80 % de son coût total, alors que les 20 % restants sont imputables à la construction initiale. Les clients ont d'ailleurs tendance à se concentrer davantage sur la conception et la construction que sur le cycle de vie. Cependant, la réglementation en matière d'environnement et la dynamique du marché poussent les propriétaires d'immeubles à optimiser leur consommation d'énergie et l'utilisation des services publics, mais également à améliorer leurs systèmes et stratégies opérationnels. Pour la gestion des installations et pour Aden Group, il s'agit là d'une opportunité incroyable. Avec la digitalisation, nous avons innové en utilisant une plate-forme professionnelle, à la fois connectée et intégrée.
Quels sont les principaux avantages de la gestion des installations ?
FRANÇOIS AMMAN : Je dirais l'intégration, qui combine deux choses essentielles : les services et la technologie. Il est possible de créer une véritable valeur ajoutée en digitalisant, en connectant et en optimisant de nombreux aspects des opérations quotidiennes d'un bâtiment. Consommation d'énergie, performance des actifs, gestion de l'espace, confort des collaborateurs et des visiteurs… Plutôt que de cloisonner, vous pouvez utiliser des outils comme notre plate-forme afin d'obtenir une meilleure vue d'ensemble sur ce qui se passe au sein de votre bâtiment, avec des données et chiffres précis à l'appui. C'est à partir de là que vous pourrez réellement commencer à créer des espaces de travail plus productifs, plus efficaces et plus durables.
« Utiliser un jumeau virtuel 3D au stade de la conception nous permet de simuler l'ensemble du bâtiment et d'affiner les opérations avant la construction. »
En quoi une plate-forme permet-elle d'améliorer la maintenance et l'exploitation d'un bâtiment ?
FRANÇOIS AMMAN : Nous intégrons virtuellement chaque actif et fonction d'un bâtiment. Mais pour que cela s'avère véritablement utile, nous avons besoin d'une seule et même plate-forme unifiée afin de regrouper l'ensemble de ces détails et d'en offrir une vue d'ensemble complète.
Utiliser un jumeau virtuel 3D au stade de la conception nous permet de simuler l'ensemble du bâtiment et d'affiner les opérations avant la construction. Nous pouvons définir, optimiser et maintenir des systèmes et des opérations particulièrement efficaces et productifs, tout en ayant conscience de l'impact que cela a sur la consommation d'énergie et la productivité de la maintenance tout au long du cycle de vie d'un bâtiment. Pour les bâtiments existants, nous rénovons.
Quels types de clients y trouvent de véritables avantages ?
FRANÇOIS AMMAN : Nous sommes présents dans de nombreux secteurs tels que les biens publics, l'immobilier commercial, la fabrication et les soins de santé. Les économies d'énergie représentent à elles seules 20 à 80 %. Pour les installations mal construites ou mal gérées, il est possible de réaliser des économies encore plus importantes. Intégré et optimisé, chaque système offre des gains de productivité et d'efficacité équivalents.
Quelles données collectez-vous et référencez-vous ?
FRANÇOIS AMMAN : Qu'il s'agisse d'équipements techniques (ascenseurs, pompes…), de la consommation d'énergie, de la température, du débit d'air ou de la production de déchets, toutes ces données sont surveillées. Nous suivons également les données relatives aux personnes, qui nous permettent de comprendre où il est possible d'optimiser des tâches pour gagner du temps et de réduire la fatigue des collaborateurs. Cela nous permet de rationaliser les workflows et d'améliorer l'utilisation des machines et des actifs afin de réduire les coûts.
Comment les données permettent-elles de mieux prévoir la maintenance et les opérations ?
FRANÇOIS AMMAN : Qu'il s'agisse de l'âge, de l'état ou de l'historique de maintenance des équipements, la simulation 3D permet de représenter de manière détaillée la réalité souvent cachée ou inconnue des bâtiments. Dès lors que nous combinons données et intelligence, nous ouvrons la voie aux exigences, et pouvons prédire et planifier les opérations de maintenance avec précision. Auparavant, nos actions en matière de maintenance étaient aléatoires. Désormais, nous gagnons en efficacité et en productivité, car nous savons ce que nous devons réparer, mais également quand et comment nous devons le faire de manière optimale.
Quels sont les processus qui peuvent être automatisés ?
FRANÇOIS AMMAN : Il est possible d'automatiser la surveillance et le contrôle pour tous les équipements, notamment grâce à l'utilisation de robots et de drones capables de prendre en charge de nombreuses tâches effectuées auparavant par des personnes.
Grâce au déploiement de robots à l'aide de l'Internet des objets (IdO) dans les hôpitaux, nous pouvons par exemple livrer des fournitures et consommables médicaux sans le moindre contact. Ils peuvent également collecter des données relatives à la désinfection, aux niveaux de stock ou à l'état du bâtiment. Compte tenu du contexte actuel, ces informations ont une valeur inestimable, car elles permettent de réduire les interactions humaines et donc la propagation du COVID-19. À noter que la surveillance et le traitement des flux d'air pour neutraliser le virus constituent également un avantage non négligeable.
Quelles autres leçons avons-nous pu tirer de la pandémie ?
FRANÇOIS AMMAN : Équipements hospitaliers, workflows, connaissances des différentes équipes… Toutes ces informations ont été intégrées dans le jumeau virtuel des deux hôpitaux qui ont été construits en l'espace de 10 jours seulement en février 2020, au début de la pandémie de Wuhan, en Chine. À l'aide de simulations 3D, le jumeau virtuel permet de tester et de prouver des idées et pratiques opérationnelles sur le long terme au sein des hôpitaux. L'objectif étant de les proposer à 25 gouvernements à travers le monde qui souhaitent construire et gérer rapidement des établissements de santé. La construction d'un nouvel hôpital nécessite un délai de 150 jours. La livraison du premier est prévue pour 2021.
Quels sont les autres avantages que la gestion des installations peut offrir à la société ?
FRANÇOIS AMMAN : En adoptant une approche centrée sur l'humain dans le cadre de la gestion des installations, nous avons la possibilité d'améliorer les bâtiments pour les gens. Contrôle de l'environnement interne, réduction du bruit, éclairage adaptatif, précision de la température, gestion du flux d'air… Toutes ces solutions nous permettent d'optimiser les bâtiments en matière de santé, de sécurité et de confort, mais aussi de réduire immédiatement la consommation d'eau et d'énergie afin de minimiser l'impact sur l'environnement.
Comment voyez-vous l'avenir de la gestion des installations ?
FRANÇOIS AMMAN : La simulation avancée en gestion des installations permet de faire bouger les lignes. En adoptant les mêmes processus et la même utilisation de données que l'industrie de la fabrication, nous sommes en proie à une véritable révolution numérique.
Grâce à une seule plate-forme professionnelle unifiée, capable de gérer une quantité considérable de données générées par des bâtiments, nous signons le début d'une nouvelle ère, placée sous le signe de l'innovation. Dans les années à venir, la visibilité et l'intégration des processus de gestion des installations augmenteront considérablement, grâce à une solution qui offre tout ce dont l'industrie a toujours eu besoin : la réflexion, la prise de décision et les actions intégrées.