Finance & services

DES ACTIFS PERSONNALISÉS

Jacqui Griffiths
22 May 2016

7 minutes

Les entreprises de gestion d’actifs et de gestion de portefeuille jonglent avec les priorités concurrentes ; en effet ils doivent fournir des produits orientés clients tout en augmentant l’efficacité et en assurant la transparence. Compass a demandé à Amin Rajan, PDG de CREATE-Research, un centre de prévision international indépendant basé au Royaume-Uni, comment les entreprises de gestion d’actifs et de gestion de portefeuille peuvent surmonter ce défi.

COMPASS : Quels sont les principaux obstacles auxquels sont confrontées les entreprises de gestion d’actifs et de gestion de portefeuille ?

AMIN RAJAN : Le marché est tendu depuis 2008 et, par conséquent, les clients appréhendent d’investir. De plus, les clients expérimentés sont de plus en plus âgés. Ils approchent de la retraite et n’ont pas le temps de compenser leurs éventuelles pertes. Pour combler ce déficit, les autorités de réglementation ont mis en place de nouvelles lois et ont renforcé l’application des lois existantes. Ainsi, les gestionnaires d’actifs ont subi de très fortes pressions pour créer des produits innovants et des nouveautés technologiques.

En quoi une approche orientée client est- elle importante pour surmonter ces défis ?

AR : Elle est essentielle parce que les entreprises de ce secteur ne peuvent plus se permettre de tenir leurs clients pour acquis. Elles doivent comprendre les besoins des clients et leur tolérance au risque et fournir ce qu’ils demandent. Dans le passé, le secteur de la gestion d’actifs était dirigé par l’offre, mais il est désormais davantage tiré par la demande, les clients remettant beaucoup plus en question leurs gestionnaires d’actifs. Les gestionnaires d’actifs doivent adopter une vraie approche orientée client, sans quoi nombre d’entre eux connaîtront des difficultés.

Quel rôle joue l’innovation dans le recentrage vers le client ?

AR : L’innovation dans ce secteur est absolument vitale car les attentes des clients évoluent. Pour satisfaire ces besoins, il est nécessaire de développer de nouveaux produits, de nouveaux outils d’allocation d’actifs et de nouvelles approches de gestion du risque.

L’une des tendances émergentes est orientée vers des outils numériques en libre-service qui permettent aux clients de gérer eux-mêmes et en ligne, leur allocation d’actifs, de sélectionner leurs fonds et de suivre leurs risques ; des activités que seuls les gestionnaires d’actifs pouvaient réaliser auparavant. Ces innovations numériques en sont encore à leurs débuts en matière de gestion d’actifs, mais elles possèdent un potentiel énorme pour transformer la dynamique du secteur, au fur et à mesure qu’une nouvelle génération d’investisseurs maîtrisant les technologies numériques apparaitra d’ici la fin de la décennie. Les clients maîtriseront davantage la situation que par le passé et les intermédiaires devront relever le défi et fournir de meilleurs services, conseils et valeurs ajoutées. Ceux qui se montrent à la hauteur remontent la chaîne de valeur et placent la barre haut pour les autres entreprises du secteur.

Comment les gestionnaires d’actifs et les entreprises de gestion de portefeuille peuvent-ils bénéficier des processus de développement de produits d’autres entreprises fortement réglementées ?

AR : De tels processus sont certainement pertinents dans les deux domaines. Les gestionnaires d’actifs subissent une pression de la concurrence quant à leur rapidité à commercialiser un produit et aux montants qu’ils dépensent pour le marketing, tandis que les entreprises de gestion de portefeuille requièrent une gestion améliorée de la planification, une commercialisation plus rapide et une collaboration renforcée de l’entreprise. C’est dans ces domaines que nous pouvons voir certains de ces processus pénétrer le secteur.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

AR : À présent, seule une minorité de gestionnaires d’actifs sont capables de réaliser des activités comme l’agrégation de données, l’analyse instantanée des données et l’extraction des informations depuis leurs données. Cependant, de nombreuses entreprises possèdent des systèmes de technologies de l’information existants qui ne sont pas connectés et restent un obstacle redoutable au progrès.

« L’INNOVATION DANS LE SECTEUR EST ABSOLUMENT VITALE CAR LES ATTENTES DES CLIENTS CHANGENT. RÉPONDRE A CES BESOINS NÉCESSITERA DE NOUVEAUX PRODUITS, DES OUTILS D’ALLOCATION D’ACTIFS ET DE NOUVELLES APPROCHES DE GESTION DU RISQUE. »

AMIN RAJAN
PDG DE CREATE-RESEARCH

Comment les gestionnaires d’actifs peuvent-ils tirer bénéfice de la technologie pour améliorer les résultats de l’innovation ?

AR : Les gestionnaires doivent disposer d’une stratégie solide qui définit des moyens d’encourager l’innovation à partir de la compréhension initiale des besoins des clients grâce à l’idéation, le développement, l’amélioration, l’examen réglementaire, le lancement et la reconception en fonction de l’évolution du marché.

Notre étude a démontré que 40 à 50 % des gestionnaires d’actifs considèrent qu’ils disposent d’un tel processus, mais ce processus est souvent moins rigoureux que ceux que nous constatons dans d’autres secteurs. Les gestionnaires d’actifs doivent gérer les produits pour le long terme, comme le nécessitent les exigences réglementaires. Actuellement, ce processus est souvent réalisé à l’aide de systèmes manuels dont l’assurance qualité est inférieure. Il s’agit d’un domaine où l’innovation, notamment l’innovation technologique, peut faire toute la différence.

Les gestionnaires d’actifs ont besoin d’une solide stratégie IT qui définit des moyens d’encourager l’innovation à partir de la collecte initiale des besoins des clients, en fonction des évolutions du marché (Image ©sturti / iStock)

Quels domaines de l’innovation façonneront à l’avenir les entreprises de gestion d’actifs et de gestion de portefeuille ?

AR : Il existe trois domaines clés de l’innovation qui façonneront les entreprises de gestion d’actifs. D’abord, nous constaterons des changements dans les approches d’allocation d’actifs, où l’argent est réparti entre les différentes classes d’actifs. Ensuite, les produits tels que la dette privée, qui permet aux investisseurs de prêter de l’argent directement à une entreprise, décollent véritablement, et nous verrons apparaitre dans le futur de nouveaux produits semblables à celui-ci. Enfin, les outils numériques DIY qui améliorent l’expérience client permettront aux investisseurs de réaliser bien plus que ce qu’ils sont capables de faire aujourd’hui et démystifieront l’art de l’investissement.

Ces changements seront progressifs mais ils viendront. Il s’agit d’un phénomène encore naissant, donc nous ne remarquons pas encore de surenchère de la part de la concurrence. La technologie est une force très puissante et elle finira par redessiner les contours du secteur de la gestion d’actifs.

De la même manière, dans les entreprises de gestion de portefeuille, l’innovation est présente dans différents domaines clés tels que les paiements et règlements, où les technologies comme la Blockchain modifient rapidement la vitesse et la nature collaborative des transferts internationaux. Par ailleurs, l’amélioration de l’étude de données pour la gestion d’actifs en exploitant les Big Data est devenue un domaine d’intérêt pour les dépositaires. Aujourd’hui, les gestionnaires d’actifs exigent des dépositaires qu’ils leur fournissent des services Big Data, ce qui représentera également pour les dépositaires un avantage concurrentiel à court terme. Enfin, les entreprises commencent à adopter les technologies utilisées dans d’autres secteurs, qui améliorent de manière significative le domaine, souvent négligé, du développement de produits financiers et de la gestion du cycle de vie de ces produits, ce qui aidera ces entreprises à atténuer les pressions règlementaires et également à améliorer le recentrage vers le client. ◆

LA GESTION DE PORTEFEUILLE DE BNP PARIBAS

BNP Paribas Securities Services, une filiale appartenant entièrement au groupe mondial BNP Paribas, spécialisée dans les activités de conservation, compensation et règlement des titres pour les clients institutionnels est la première institution de services financiers à exploiter un système sophistiqué de développement de produits, comme celui utilisé dans l’aviation et les sciences de la vie, pour commercialiser rapidement de nouveaux produits complexes dans un secteur fortement réglementé. BNP Paribas Securities Services utilise ensuite ce système pour gérer et améliorer les produits en fonction des évolutions des demandes du marché et de ses clients.

Pour commercialiser plus rapidement ces produits, il est essentiel pour BNP Paribas Securities Services de pouvoir collaborer de manière efficace sur ses 34 sites. « Nous avons beaucoup d’idées et prenons beaucoup d’initiatives », affirme Philippe Ruault, directeur des produits de compensation, règlement et conservation chez BNP Paribas Securities Services. « Il est extrêmement important que nous ayons une vue d’ensemble de toutes ces initiatives et qu’elles se conforment à la stratégie globale de la banque. Il devient très compliqué de référencer toutes ces catégories de produits et de services et de les documenter en un même endroit. »
Pour faire face à ces défis, BNP Paribas Securities Services tire parti de la technologie de développement de produits automatisée, une démarche pionnière qui aide l’entreprise à s’impliquer dans l’innovation et permet une commercialisation plus rapide de nouveaux produits et services.

La plateforme collaborative permet à BNP Paribas Securities  Services d’enregistrer des informations et de concevoir, développer, valider et gérer de nouveaux produits. Elle encourage l’innovation parmi les équipes de l’entreprise partout dans le monde et permet une collaboration en temps réel entre toutes les parties prenantes. La direction a une vue d’ensemble de tous les projets en cours, y compris leur statut et leur potentiel, ainsi que leur conformité à la stratégie bancaire de l’entreprise. En numérisant son catalogue de produits, BNP Paribas Securities Services est également capable de redéployer des services et composants existants pour créer de nouvelles solutions pour ses clients. Elle réduit ainsi le cycle de développement global et permet à l’entreprise de commercialiser ses solutions plus rapidement.

« L’initiative nous permet de rassembler tout le monde autour d’une idée ou d’un concept pour valider l’analyse de rentabilité et décider si nous devons investir ou non dans le projet », indique Sébastien Messean, directeur de la gestion du cycle de vie des produits à BNP Paribas Securities Services, à la tête de l’initiative. « Elle encourage la validation et le développement de nouveaux produits et le développement et l’entretien de produits existants. Nous souhaitons à terme inclure nos clients dans le processus de développement des produits, ce qui nous permettra de satisfaire leurs besoins de manière plus efficace, plus rapide et plus innovante. »

Pour plus d’informations sur la solution utilisée par BNP Paribas Securities Services, rendez-vous sur : http://bit.ly/SecuritiesServices

Discover the Innovation Factory Industry Solution Experience for Asset Management and Securities Services:
http://bit.ly/innofact

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