Dans un laboratoire de San Diego (USA), un minuscule morceau de tissu hépatique a « fonctionné » pendant plus de 40 jours, produisant protéines, enzymes et cholestérol exactement de la même manière qu’un foie humain. Mais ce bout de tissu – un petit carré de 3 mm2 et de 0,5 mm d’épaisseur – ne provenait pas d’un foie humain. Il avait été « fabriqué » à partir d’une imprimante 3D. Une véritable révolution dans le monde de l’ingénierie tissulaire.
« FABRIQUER DES ORGANES ÉPAIS ET COMPLEXES PRENDRA DU TEMPS, MAIS CRÉER DES TISSUS DE L’ORDRE D’UN MILLIMÈTRE D’ÉPAISSEUR DANS LA PLUS PETITE DES TROIS DIMENSIONS SERA POSSIBLE PLUS TÔT. »
L’objectif initial est de produire des tissus pouvant remplacer les tissus humains naturels dans le commerce florissant du médicament, dont le budget annuel est de US$50 milliards. Mais l’objectif ultime, toutefois, serait de produire des organes entiers qui fonctionneraient comme tels, y compris des organes comme le foie, les reins et le cœur actuellement disponibles uniquement grâce aux donneurs humains, mais pour lesquels la liste d’attente est souvent longue. Si les recherches aboutissent, elles permettront de sauver des milliers de vies chaque année et d’en finir avec les milliards dépensés annuellement dans des soins qui, certes, permettent de sauver des vies mais sont encore débilitants, comme par exemple la dialyse rénale, qui traite mais ne guérit pas.
IMPRIMER AVEC DES CELLULES
La bio-impression 3D a été inventée par Makoto Nakamura, aujourd’hui professeur en ingénierie des sciences de la vie à l’université de Toyama au Japon, qui a découvert que la taille des minuscules gouttes d’encre déposées par une imprimante à jet d’encre était identique à celle des cellules biologiques. Il a ainsi conçu la première bio-imprimante 3D en 2006.
« Nous avons démontré que les structures 3D peuvent être fabriquées à l’aide de différents types de cellules », explique M. Nakamura.
NI REJET, NI TEST SUR ANIMAUX
En Allemagne, au Centre laser de Hanovre, centre universitaire spécialisé dans la recherche laser, les ingénieurs ont réussi pour la première fois à imprimer du tissu humain cutané en 3D à partir de deux types différents de cellules : des fibroblastes et des kératinocytes. Dans un environnement de laboratoire, il est primordial pour deux cellules différentes de se développer côte à côte pour pouvoir ressembler, ensuite, à du tissu humain.
« Nous avons testé ce greffon de peau sur des individus et sur des souris, et le tissu fonctionne plutôt bien pour recouvrir une blessure », raconte Lothar Koch, directeur du groupe de recherche sur la bio-impression au Centre laser. Pour commencer, la peau est greffée sur des souris immunodéficientes afin de s’assurer qu’il n’y a pas de rejet du tissu étranger. Mais le professeur Koch affirme que l’objectif ultime est d’habituer les cellules propres à un individu à imprimer une nouvelle peau, évitant ainsi les problèmes de rejet.
US$5 milliards
Plus de US$5 milliards sont gaspillés chaque année lorsque de nouveaux médicaments ne passent pas la dernière étape des essais sur l’homme, pour cause de toxicité hépatique.
L’industrie pharmaceutique devrait représenter une autre source importante de financement. Chaque année plus de US$5 milliards investis dans le développement de nouveaux médicaments sont gaspillés lorsque ceux-ci ne passent pas la dernière étape des essais sur l’homme, pour cause de toxicité hépatique.
Murphy said his firm expects to introduce a 3D liver by the end of 2014 that can be used to test drugs in the laboratory at an early stage, replacing less accurate tests on cells in a petri dish.
K. Murphy affirme que sa société devrait être en mesure de présenter d’ici fin 2014 un foie en 3D qui pourrait être utilisé pour tester des médicaments en laboratoire à un stade précoce, remplaçant ainsi des tests moins précis sur des cellules en culture dans une boîte de Pétri. Dans cette boîte, les cellules ne pouvant survivre que deux jours, les tests ne reproduisent pas l’effet cumulatif de doses répétées sur des périodes prolongées, comme c’est l’usage chez l’homme. Mais avec le foie en 3D d’Organovo, les médicaments peuvent être testés par doses répétées, ce qui donnera aux chercheurs des indications plus précises sur la toxicité hépatique à un stade avancé du développement du médicament. Les investissements réalisés dans des médicaments voués à l’échec seront réduits et les effets secondaires négatifs lors des essais sur l’homme seront évités.
TERRAIN FERTILE
Des scientifiques de l’université de Columbia (New York) travaillent à la création de dents et d’articulations bio-imprimés, en théorie plus faciles à entretenir car ne nécessitent pas d’être alimentés par des vaisseaux sanguins. L’équipe de Columbia a, par exemple, implanté une incisive créée à partir d’une structure 3D imprimée dans la mâchoire d’un rat. En deux mois, l’implant a permis la croissance de ligaments parodontaux et d’os nouvellement formés. L’équipe de chercheurs a également implanté des os de hanches bio-imprimés sur des lapins, qui ont commencé à marcher avec leurs nouvelles articulations en quelques semaines.
« Il existe un grand potentiel et de nombreux besoins, en particulier dans le domaine pharmaceutique », affirme L. Koch. « Fabriquer des organes épais et complexes prendra du temps, mais créer des tissus de l’ordre d’un millimètre d’épaisseur dans la plus petite des trois dimensions sera possible plus tôt. Nous souhaitons tester ceci lors d’essais cliniques sur l’homme d’ici cinq ans. »◆
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