COMPASS : Comment est née l'idée de Media Factory ?
Thomas Rilke : Le site de Deutsche Messe (la « Foire », comme nous l'appelons) est le plus grand au monde. C’est quasiment une petite ville. Il y a une vingtaine d'années, des chaînes de télévision du monde entier venaient sur nos salons avec leur propre matériel et leurs propres équipes. Finalement, nous avons construit 12 studios de télévision pour les accueillir.
La plupart des sociétés de médias utilisant désormais des vidéos d'archives, à la fin 2020, nous avons transformé ces studios en MEDIA FACTORY : des studios de streaming professionnels que nos clients peuvent utiliser pour des événements en ligne, des podcasts, des conférences, des discussions...
Avant la pandémie, la demande de ressources digitales et de showrooms virtuels était déjà en hausse, mais l'an dernier, elle a explosé. Malheureusement, nombre de nos clients n'ont pas le savoir-faire nécessaire pour créer ces ressources. Nous avons réalisé qu'une grande opportunité s'ouvrait à nous pour jouer ce rôle clé, en aidant nos clients à créer des supports digitaux, ou toute autre entreprise qui aurait besoin de ce type de ressources, qu'elle expose ou non sur l'un de nos salons.
Quels types de ressources digitales aidez-vous à créer ?
TR : Nous nous sommes associés à des fournisseurs tiers qui ont créé une technologie véritablement révolutionnaire basée sur une nouvelle norme appelée glTF. Grâce à elle, les données produit 3D d'un ingénieur peuvent être transformées en ressources 3D interactives, réutilisables et adaptées au web, idéales pour les showrooms virtuels. Ces ressources sont incroyablement légères. Il a toujours été facile de partager des dessins techniques en 3D avec ses clients, à condition qu'ils disposent du bon logiciel et d'un ordinateur assez puissant. Mais aujourd'hui, il devient possible de les partager avec quiconque dispose d'un simple navigateur web, y compris sur son téléphone portable.
Cette possibilité profitera non seulement à nos clients, mais aussi à toutes les entreprises qui se veulent compétitives dans le monde digital. Elles n'auront plus besoin de fabriquer un produit physique, puis de faire appel à des équipes médiatiques pour le filmer : cette technologie leur fera gagner un temps considérable, et aussi beaucoup d'argent.
Un très bon exemple est le projet KUTOA, dérivé de Fraunhofer IPA [Institute for Manufacturing Engineering and Automation], qui a créé un robot de laboratoire mobile baptisé KEVIN, destiné à automatiser les tâches répétitives et manuelles en laboratoire. La création de ressources marketing digitales à partir des données de conception a permis à l’équipe de KUTOA d'accélérer le développement de KEVIN et d’attirer des investisseurs avant même la construction du prototype du robot.
Qu'est-ce que Deutsche Messe a à y gagner ?
TR : Nous serons plus proches de nos clients, où qu'ils soient dans le monde, puisqu'ils pourront accéder aux outils virtuellement. Cela signifie également que davantage de clients seront en mesure d'adopter une approche hybride des salons professionnels à l'avenir. La tendance va dans ce sens.
Il faut savoir que 90 % de nos événements sont dédiés à des industries vraiment techniques. Typiquement, nos exposants sont des fabricants d’équipements ou de composants compliqués pour l'industrie. Ils produisent rarement des modèles uniques, mais peuvent en avoir 30 ou 40 différents, qui peuvent eux-mêmes être personnalisés, ce qui donne un nombre quasi infini de variantes. Il s'avère donc impossible de présenter l'ensemble de l'offre lors d'un événement physique. Par conséquent, ces fabricants passent parfois à côté de contrats potentiels.
« En utilisant à bon escient des ressources digitales 3D lors d'événements physiques, nos clients peuvent présenter l'ensemble de leur offre de produits de manière très réaliste. Les visiteurs peuvent quant à eux voir l'intérieur des machines : leur structure, leur fonctionnement. »
En utilisant à bon escient des ressources digitales 3D lors d'événements physiques, nos clients peuvent présenter l'ensemble de leur offre de produits de manière très réaliste. Les visiteurs peuvent quant à eux voir l'intérieur des machines : leur structure, leur fonctionnement, y compris des fonctionnalités qui sont parfois cachées derrière, sous ou dans d'autres structures.
Ces ressources digitales peuvent aussi être réutilisées de bien des façons, non seulement lors de nos salons professionnels, mais aussi de n'importe quel événement. En fait, les exposants nous demandent de plus en plus souvent de les aider pour des événements plus petits et plus ciblés, parce qu'ils veulent garder un contact digital permanent avec leurs clients. Les ressources digitales que nous créons constituent souvent la base d'un showroom virtuel et apportent une valeur ajoutée à une conférence de presse, un événement client, un média social ou un rendez-vous client, qu'il soit en visio ou non.
Deutsche Messe y gagne aussi, évidemment. Notre capacité à travailler avec le format glTF nous permet de proposer à nos clients un service qu'aucun autre salon professionnel ne peut égaler.
Quels sont les retours jusqu'ici ? Et à partir de quand pensez-vous proposer ces nouveaux services ?
TR : Nous venons de lancer une campagne e-mail pour présenter notre future offre. Nous l'avons envoyée à 1 million de clients dans le monde, avec un taux d'ouverture de 10 % et un taux de réaction de 2 %. Pour nous, c'est formidable. Cela montre que la demande est forte vis-à-vis de ces services. Nous espérons un lancement le mois prochain. Mais ce ne sera que le début : nous avons quelque chose d'encore plus intéressant en préparation.
Ne vous arrêtez pas là !
TR: Nous considérons la production de ressources digitales comme une première étape. La seconde sera la création d'une plate-forme industrielle.
Voilà : actuellement, avant de vous rendre sur un salon industriel, vous consultez le site Internet du salon pour voir les entreprises présentes et trouver leur numéro de stand. Ce site Internet sert surtout juste avant, pendant et après le salon.
Le site Internet et la base de données d'un salon ne fournissent habituellement que le nom de l'entreprise, la description de ses produits et l'emplacement du stand. On pourrait dire qu'il s'agit d'une base de données 1.0.
Ce que nous voulons construire, c'est une base de données 4.0. Grâce aux capacités d'une plate-forme digitale et aux ressources digitales créées par MEDIA FACTORY, nous pouvons mettre davantage en valeur l'offre de nos exposants. Les visiteurs pourront accéder à bien plus d'informations sur les produits qui les intéressent (leurs fonctionnalités, les technologies avec lesquelles ils peuvent être utilisés, les plates-formes avec lesquelles ils s'intègrent, par exemple).
En outre, notre plate-forme industrielle facilitera la collaboration entre les différents acteurs. Les visiteurs pourront non seulement entrer en contact avec les exposants, mais aussi avec d'autres visiteurs partageant les mêmes valeurs, qui auront peut-être une expérience précieuse à partager.
C'est là que les choses deviennent vraiment passionnantes, car cette plate-forme va révolutionner l'expérience des salons professionnels pour les visiteurs, les exposants... tous les acteurs en fait.
Pour découvrir encore plus de capacités de glTF, cliquez sur here, faites défiler la page jusqu'à "Rencontrer le prototype de la tortue verte en 3D" et cliquez sur le bouton "3DPlay". Vous pouvez également en savoir plus sur :
