Optimiser la logistique grâce à la digitalisation

Les plates-formes digitales permettent aux clients de bénéficier d'expériences lean et durables.

Rebecca Lambert
1 December 2020

4 minutes

Pour Sebastiaan Scholte, ancien PDG de Jan de Rijk Logistics, la digitalisation joue un rôle de plus en plus important dans l'amélioration de l'efficacité et de la durabilité de l'industrie logistique. Compass revient sur son échange avec Sebastiaan Scholte concernant les principaux défis et opportunités du secteur.

COMPASS : Comment avez-vous commencé à travailler dans la logistique et pourquoi vous fascine-t-elle ?

Sebastiaan Scholte : J'ai réalisé un stage au Mexique qui m'a tellement plu que j'ai décidé plus tard de postuler chez Aeromexpress, le département de fret d'Aeroméxico, Mexicana et Aeroperu. J'ai ensuite travaillé chez Cargolux Airlines International, l'un des plus grands exploitants de compagnies aériennes de fret au monde, en tant que responsable régional en charge des ventes, des opérations et des finances en Amérique latine. Au bout de huit ans, en 2010, une opportunité s'est présentée chez Jan de Rijk. Ce que j'aime dans cette industrie, c'est qu'elle tient une place prépondérante dans notre vie quotidienne. Sans logistique, rien ne bouge.

Aujourd'hui, quelles sont les tendances qui ont le plus d'impact sur le secteur de la logistique ?

SS : La digitalisation et l'automatisation sont essentielles. Bien sûr, on aura toujours besoin d'exploitants avec des actifs lourds – des entreprises avec des camions et des entrepôts physiques. Mais les futurs leaders du secteur seront ceux qui utiliseront les bonnes plates-formes digitales. Par exemple, si vous pouviez visualiser tous les flux de transport dans le monde entier, et voir leur capacité disponible, vous pourriez optimiser vos opérations et avoir 20 % de camions en moins sur la route. Pourquoi ? Tout simplement parce que de nombreux camions sur la route aujourd'hui ne sont pas pleins. Sans même le savoir, plusieurs véhicules se déplacent dans la même direction, mais chacun n'est plein qu'à seulement 70 %.

Avec une meilleure visibilité, nous pourrions fournir des conseils très utiles. Nous pourrions par exemple nous adresser à un client en lui disant que nous avons analysé ses flux et que s'il pouvait, tel mercredi, organiser l'enlèvement à 18 h au lieu de 15 h, nous pourrions combiner des marchandises et lui faire économiser de l'argent.

Je pense que c'est ça, l'avenir. Et nous ne pourrons le faire qu'avec des plates-formes intelligentes.

Les plates-formes digitales fournissent des informations sur les transferts d'un type de transport à un autre, permettant aux fournisseurs de services logistiques de gagner en efficacité. (Image © Jan de Rijk)

Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels les entreprises de ce secteur sont actuellement confrontées ?

SS : La main d'œuvre. En Europe et aux États-Unis, la population vieillit et l'industrie logistique n'est généralement pas la plus attrayante pour les jeunes. Nous faisons face à un manque de chauffeurs et de manutentionnaires. L'automatisation nous permettra peut-être de relever en partie ce défi.

[Mais] aujourd'hui, nous avons encore besoin d'un certain nombre de chauffeurs. Il y a environ 300 000 à 400 000 postes vacants en Europe.

On dit que chaque défi cache une opportunité. Quelles sont les opportunités ?

SS : La première, c'est l'automatisation. Elle rend les processus plus efficaces et permet d'en faire plus avec moins. Pour remplacer la main-d'œuvre dont on manque, les entreprises seront obligées d'adopter davantage de solutions technologiques.

Vous devez également pouvoir attirer de la main-d'œuvre. Pour ce faire, il est nécessaire d'être un bon employeur. Il n'est pas seulement question du salaire ici, mais des conditions de travail et de formation. C'est une véritable culture d'entreprise. Les gens ont besoin de se sentir valorisés et appréciés. La fidélisation des employés est un problème majeur. Autre défi : si la conduite autonome devient une réalité, il sera nécessaire de former les conducteurs à d'autres tâches.

Lorsque vous travailliez chez Jan de Rijk Logistics, vous avez dit : « L'automatisation et les systèmes intelligents nous permettent de nous démarquer ». Comment avez-vous utilisé ces technologies pour vous démarquer ?

SS : De nombreux facteurs entrent en jeu. La pluie, le beau temps, le jour de la semaine, le mois de l'année, tout cela change la donne. Si vous disposez de toutes ces Big Data, que vous les combinez et que vous effectuez des analyses prédictives, vous pouvez planifier plus efficacement et offrir un meilleur service, dans les temps, à vos clients.

Chez Jan de Rijk, nous déployions 1 000 camions par jour. Pour optimiser cela, vous devez utiliser un système intelligent. Cela permet d'atteindre l'excellence opérationnelle et d'améliorer l'interaction avec les clients. L'intégration système à système, les systèmes de réservation, les performances dans les temps, les retours digitaux et les rapports intelligents sont autant de facteurs de différenciation importants qui permettent à l'entreprise d'être plus ouverte et transparente avec ses clients.

Comment ces tendances vont-elles changer le secteur au cours des 5 ou 10 prochaines années ?

SS : Je pense que la logistique et le commerce mondial sont particulièrement connectés. La digitalisation revêt une importance capitale, tout comme l'utilisation croissante des nouvelles technologies. Imaginez : la conduite autonome, la robotique dans les entrepôts, les avions sans pilote, tout cela va devenir réalité.

Mais bien que ces tendances se confirment et font de plus en plus parler d'elles, n'oublions pas que pour l'instant, nous continuons de fonctionner avec des flux d'entreprise à entreprise. Ainsi, même si nous devons continuer à faire preuve d'agilité, nous devons également garder à l'esprit que les choses n'évolueront pas toujours au même rythme ou plus rapidement.

En l'espace de 20 ans, Sebastiaan Scholte est devenu PDG de l'entreprise européenne de transport Jan de Rijk Logistics et a dirigé les associations International Air Cargo et Cool Chain. Aujourd'hui, il siège aux conseils consultatifs de deux fournisseurs de solutions logistiques informatiques, CHAMP et Winmore. Il est également conseiller pour l'entreprise de formation en ligne IMC, afin de donner de la visibilité aux opportunités de carrière au sein de l'industrie du fret aérien.

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