Des compromis positifs

Dame Nature pourrait-elle détenir la clé de la gestion durable des datacenters ?

Sean Dudley
1 July 2018

4 minutes

La prolifération des données met à rude épreuve la capacité des entreprises à recueillir, stocker et rendre accessibles les informations et les connaissances tout en préservant la planète. Mais la nature elle-même est une source d'inspiration qui pousse les chercheurs à trouver de nouvelles solutions afin de réduire l'énergie consommée par les datacenters et gérer la chaleur qu'ils produisent.

Bien que les datacenters font partie intégrante de notre monde digital, leur consommation d'énergie est énorme et représente un défi à la fois pour les opérateurs des datacenters et pour la planète.

Selon une étude collégiale réalisée en 2016 par l'entreprise chinoise de télécommunications Huawei Technologies, les datacenters du monde entier pourraient mobiliser 20 % de toute l'électricité disponible d'ici 2025, soit plus que la consommation totale de n'importe quel pays, à l'exception des États-Unis, de la Chine et de l'Inde. Toutefois, seule une partie de cette électricité alimente les serveurs informatiques ; le reste sert à compenser l'énorme quantité de chaleur qu'ils produisent, car les serveurs doivent rester froids pour fonctionner.

L'ONG environnementale Greenpeace estime que la prolifération des datacenters nuit gravement aux efforts déployés à l'échelle mondiale pour enrayer le changement climatique. Dans une interview accordée au journal The Guardian, Gary Cook, analyste du secteur informatique pour Greenpeace, affirme que seule 20 % de l'électricité utilisée dans les datacenters provient de sources renouvelables, et 80 % de combustibles fossiles.

Greenpeace met les architectes et les opérateurs de l'Internet au défi d'utiliser 100 % d'énergie renouvelable pour soutenir leur croissance rapide et affirme que le manque de transparence des opérateurs sur ce sujet constitue une menace pour la pérennité du secteur.

LA NÉCESSITÉ D'UN CHANGEMENT

Alors que la durabilité des datacenters est scrutée à la loupe, les opérateurs reconnaissent qu'un changement est nécessaire, en particulier parce que les difficultés s'intensifient rapidement. En septembre 2017, la société Cisco, spécialiste des réseaux informatiques, prédisait que le trafic Internet mondial allait plus que tripler, pour atteindre environ 3,3 zettaoctets d'ici 2021.

Pour minimiser l'impact environnemental d'une telle croissance, Google, Apple et Facebook se sont engagés à utiliser des énergies renouvelables et ont investi dans des méthodes alternatives de production d'électricité. Pour minimiser l'impact environnemental d'une telle croissance, Google, Apple et Facebook se sont engagés à utiliser des énergies renouvelables et ont investi dans des méthodes alternatives de production d'électricité.

Le projet Natick reflète la recherche constante de Microsoft pour trouver des solutions de datacenters sur le Cloud qui allient un déploiement rapide, des coûts limités, une grande réactivité et davantage de respect de l'environnement. (Image © Microsoft Research)

« Les contraintes de la transformation digitale et la nécessité de déployer rapidement des applications et des charges de travail à la hauteur des activités ont réellement pris le pas sur les initiatives dédiées à l'utilisation efficace des ressources énergétiques », rapporte Jennifer Cooke, directrice de recherche sur les tendances et les stratégies des centres de données chez IDC, un cabinet d'études international implanté à Framingham, dans le Massachusetts. Pour inverser la tendance, les hauts responsables de centres de données cherchent des moyens de réduire leur empreinte énergétique. L’une des approches consiste à se servir des technologies digitales pour créer des environnements de datacenters « intelligents ».

« En dotant les datacenters de capteurs et en ayant la capacité de compiler des données en temps réel, un responsable peut savoir quels équipements consomment de l'énergie sans pour autant contribuer à la charge du service informatique », explique Jennifer Cooke. « En termes de développement durable, on peut aussi remplacer les serveurs par des modèles moins énergivores et mettre en place un environnement entièrement contrôlé par logiciel. Les entreprises peuvent ainsi augmenter considérablement le taux d'utilisation de leurs ressources. »

TIRER PARTI DE LA NATURE

Les technologies intelligentes ayant toutefois leurs limites, les opérateurs de datacenters doivent se tourner vers la nature pour réduire l’énergie que ces centres consomment. Par exemple, l'implantation de datacenters dans des régions où les températures sont basses permet de réduire le besoin de refroidissement.

Facebook possède un centre de données à Luleå (Suède), dont la stratégie consiste à pomper l'air frais de l'extérieur vers les salles de serveurs afin de compenser la chaleur qui se dégage.

« Un nombre croissant de datacenters ont également été construits ou adaptés pour fonctionner aux énergies renouvelables, c'est-à-dire en étant alimentés par de l'énergie éolienne ou solaire », commente Russell Poole, directeur général au Royaume-Uni d’Equinix, un fournisseur américain de datacenters.

Equinix s'est engagée depuis longtemps à alimenter l'ensemble de ses datacenters à 100 % en énergie propre et renouvelable. « Nous investissons dans des projets basés sur l'énergie éolienne et solaire, les piles à combustible et d'autres technologies renouvelables dans le but de tenir cette promesse », souligne Russell Poole. « À ce jour, nos pratiques et programmes opérationnels verts nous ont permis d'économiser environ 2 500 kilowatts par an, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 26 000 maisons aux États-Unis. »

20%

Selon une étude réalisée en 2016 par Huawei Technologies, les datacenters du monde entier pourraient mobiliser 20% de toute l'électricité disponible d'ici 2025.

En plus d'investir dans des sources d'énergie renouvelables, les opérateurs de datacenters ont découvert qu'ils peuvent utiliser la chaleur produite par leurs services pour fournir les communautés voisines en électricité, transformant un passif en un actif.

LE DATACENTER DU FUTUR

En 2016, Microsoft a engagé le projet Natick en déployant un centre dans un conteneur de 14 mètres cubes au fond de l'océan Pacifique, à une profondeur de près de 30 mètres. L'objectif était d'utiliser les effets de refroidissement de l'eau pour maintenir les serveurs à la température requise.

En juin 2018, Microsoft a déployé un deuxième centre serveur sous-marin de 75 mètres cubes, conçu pour fonctionner sans intervention humaine pendant 5 ans, au large des îles écossaises des Orcades. Le datacenter, plongé à une profondeur de 35,6 mètres, est lui aussi refroidi par l'eau de mer et permettra de tester une stratégie visant à fournir les services de Cloud Microsoft Azure dans des régions éloignées en réduisant le temps de latence.

Le monde doit s'attendre à ce que ce type d'investissement se multiplie dans le secteur, affirme Russell Poole, d’Equinix.

« Nous réduisons notre empreinte écologique à mesure que nous grandissons aujourd'hui, afin que notre planète puisse prospérer demain », dit-il.

Pour en savoir plus sur High-Tech Operational Excellence, consultez :
http://go.3ds.com/aPYt

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