Chimie règlementaire

Comment le secteur financier transforme une surveillance accrue en efficacité opérationnelle

Miriam Gillinson
30 June 2017

4 minutes

Depuis la crise financière de 2008, la réglementation financière a gagné le monde entier. Cependant, loin de mettre un frein à l'innovation et de brider la rentabilité, la délicate mise en conformité avec des réglementations complexes inspire des gains d'efficacité et améliore l'expérience de l'investisseur.

Les cadres financiers ont tendance à se plaindre des nouvelles réglementations qui compliquent les opérations de leurs sociétés et font augmenter les coûts. Cependant, la vague de nouvelles réglementations qui a suivi la crise financière de 2008 induit une réponse bien différente : les institutions financières mondiales délaissent leurs processus manuels de rapprochement des données au profit de technologies informatiques nouvelles qui simplifient leurs opérations.

Cela se traduit par une pléthore d'avantages : mise en conformité améliorée et simplifiée, coûts réduits, et meilleurs produits et services pour le client.

« La plupart des grandes institutions financières ont une présence mondiale significative », explique Jonathan Moulds, président Europe, Moyen-Orient et Afrique de Bank of America Merrill Lynch. « Elles sont par conséquent affectées par des réglementations dans les principaux pays où elles opèrent. C'est là un défi pour n'importe quelle grande institution financière qui engendre complexité, coûts et incertitudes. »

La non-conformité apporte également son lot de coûts financiers et de préjudice à la réputation. Ainsi, d'après la société de conseil de gestion internationale McKinsey & Company, les amendes et transactions infligées à 20 banques internationales des États-Unis et de l'Union européenne pour infractions aux règlements ont été multipliées par 45 entre 2010 et 2014.

« En raison de la réglementation, les banques et les gestionnaires d'actifs doivent se concentrer autant que possible sur des solutions technologiques, compte tenu de l'énorme volume de données nécessaire pour garantir la conformité à l'ensemble des réglementations changeantes, » déclare Jonathan Moulds.

DES AVANTAGES IMPRÉVUS

La quasi-totalité des nouveaux règlements visent à promouvoir la « transparence » ou l'« harmonisation ».

« Les banques, les marchés financiers et d'autres institutions sont tenues de collecter, calculer et soumettre tous les mois des centaines de milliers, voire des millions de points de données aux organismes de réglementation », observe KPMG, la société d'audit du Big Four, dans son rapport de 2016 intitulé Data Insights: Regulation's Silver Lining. « De plus en plus, les organismes de réglementation exigent des preuves de la source, ou la traçabilité des données, pour vérifier leur crédibilité. »

Correctement analysées, toutefois, ces données peuvent générer des avantages commerciaux majeur. KPMG énumère les améliorations en matière de compréhension du comportement des clients, d'identification précoce des tendances du marché et de comparaison des performances des business units, des équipes et des individus.

« Les décisions quotidiennes sur la négociation de titres, l'investissement, la gestion du risque et les prêts peuvent être optimisées par la disponibilité de puissantes informations qui sont plus actuelles, plus complètes et plus précises. »

KPMG
DATA INSIGHTS: REGULATION'S SILVER LINING

« Toutes les sociétés de services financiers devraient bénéficier d'une analyse plus rapide et d'une modélisation plus efficace qui améliorent le ciblage et la tarification, les modèles de crédit et de liquidité et la planification des immobilisations », analyse KPMG. « Les décisions quotidiennes sur la négociation de titres, l'investissement, la gestion du risque et les prêts peuvent être optimisées par la disponibilité de puissantes informations qui sont plus actuelles, plus complètes et plus précises. »

Au sein de Swedbank, Angelique Angervall est gestionnaire de programme pour le MiFID II, dernier programme cadre de la Commission européenne pour la réglementation du fonctionnement des marchés financiers, dont le but est de renforcer la protection des investisseurs et la concurrence sur les marchés.

« Des réglementations telles que le marché cible des produits exigent que les banques harmonisent leurs processus de développement de produits dans la totalité des secteurs d'activité et des zones géographiques, et cela devrait s'avérer positif pour la banque », déclare-t-elle. « C'est probablement plus rentable et préférable du point de vue de la conformité, et nous pouvons gagner du temps en sachant que les mêmes processus sont suivis de façon homogène. Cette nouvelle tendance est donc un atout pour la banque en ce qui concerne la rentabilité des capitaux propres. »

UNE MEILLEURE EXPÉRIENCE CLIENT

En fait, en prônant une plus grande transparence, les organismes de réglementation catalysent une approche plus centrée sur le client.

« Mieux comprendre le client devrait, nous l'espérons, conduire à davantage de produits centrés sur le client, ou davantage de produits qui répondent mieux aux besoins réels des clients », déclare Daniel Veit, en charge de la Directive européenne des marchés d'instruments financiers MiFID II - Gestion des produits, chez Deutsche Bank.

Angelique Angerval de la Swedbank acquiesce.

« L'exigence d'amélioration de la qualité des services est un catalyseur, car elle favorise un développement plus rapide des services, chose à laquelle nous aspirions, mais qui n'était pas dans notre liste de priorités », ajoute-telle. « À l'avenir, les clients auront sous les yeux la fiche d'information sur la transparence des coûts. Il vaudra mieux que nos produits apportent une certaine valeur ajoutée. »

LA COURSE EST LANCÉE

Cependant, le rythme d'adoption de la technologie varie considérablement, souligne le cabinet juridique spécialiste de la technologie Kemp Little, basé à Londres.

« Alors que certaines entreprises existantes et de nouveaux venus sont déjà bien engagés en matière d'exécution de plans d'activité tirant parti des avancées technologiques et changements réglementaires actuels et futurs, d'autres n'ont pas encore su déterminer la meilleure façon de se positionner et d'allouer des ressources efficacement », fait observer le cabinet dans un récent rapport.

En fin de compte, c'est la technologie qui déterminera quelles entreprises amélioreront leur réputation et gagneront des parts de marché. « Les systèmes de conformité constituent un élément essentiel de la protection d'une institution financière individuelle, ainsi que du système financier dans son ensemble », précise Jonathan Moulds.

Et il semble qu'aujourd'hui la mise en conformité joue un rôle essentiel en faveur d'une automatisation qui rend également les institutions financières plus efficaces. ◆

Regarder le Vice-président du service Finance et Services de Dassault Systèmes partager des informations sur l'impact de la digitalisation sur le secteur :
http://3ds.one/Dufour

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