Rob Parsons et Andy Blood

Les mains sur le volant

Dan Headrick
30 June 2017

4 minutes

La technologie des véhicules sans conducteur nous promet l'efficacité du transport et une plus grande sécurité, mais à une condition : la disparition du conducteur du poste de commande. Pour des raisons qui dépassent le domaine du transport, Rob Parsons et Andy Blood s'efforcent de maintenir les personnes handicapées au volant. Pourquoi ? Parce que pour les paraplégiques, la conduite n'est pas seulement le moyen d'aller quelque part : c'est le moyen d'y parvenir par soi-même.

En décembre 2016, Rob Parsons a décollé de Californie pour se rendre à Bath, en Angleterre, afin d'installer lui-même un système de commandes manuelles dans la voiture de drift de Ben Conolly, âgé de 19 ans. C'est le premier système de ce type au Royaume-Uni, mais ce n'est pas pour cette raison que Rob Parsons l'a mis au point.

« Il était démoli, anéanti », raconte Rob Parsons pour décrire les difficultés de Ben. « Il déprimait assez facilement. Les voitures de course lui ont redonné le goût de vivre. »

Rob Parsons, 30 ans, est bien placé pour comprendre Ben. Complètement accro à l'adrénaline de la compétition, Rob Parsons s'est brisé la colonne vertébrale dans un accident de motocross en 2011. Il s'est remis en question pendant la rééducation et s'est pris de passion pour les courses de drift, qui consistent à faire des dérapages contrôlés d'une grande précision à vitesse élevée.

Personne n'avait encore conçu de commandes manuelles pour les courses de drift. Alors Rob Parsons - encore à l'hôpital après son accident - s'est formé tout seul à la conception 3D sur SOLIDWORKS et a mis au point un système de commandes manuelles exclusif si précis qu'il a pu s'en servir pour faire des courses de drift. Ensuite, toujours assis sur son fauteuil roulant, il a converti une Nissan S13 de 1991 en voiture de drift.

Mais se réinstaller au poste de conduite n'était pas suffisant pour lui. Il créa alors la fondation Chairslayer Foundation pour encourager d'autres paraplégiques à oublier l'embarras de leurs fauteuils roulants en se plongeant dans les sports mécaniques.

LE LIEN DE L'EXPÉRIENCE PARTAGÉE

À peu près à la même époque que l'accident de Rob Parsons, Andy Blood, monteur de câbles pour une entreprise de travaux publics travaillait à 12 mètres du sol lorsque le poteau électrique sur lequel il était juché a rompu. Comme Rob Parsons, Andy Blood a regardé la réalité en face et décidé de ne pas s'apitoyer sur son sort. Lui aussi s'est retrouvé dans un fauteuil roulant. Après une rude bataille, il a touché des indemnités pour son accident de travail et créé la Blood Brothers Foundation, qui collecte des fonds pour adapter les véhicules pour les personnes handicapées.

Andy Blood, 37 ans, ne connaissait pas Rob Parsons lorsqu'il a ouvert Runnit CNC, un atelier de construction mécanique à Grand Junction, dans le Colorado. Mais il n'a pas fallu longtemps pour que les deux hommes se rencontrent en ligne et unissent leurs forces. Leur atelier consacre beaucoup de temps et de ressources à la conception et à la fabrication de véhicules adaptés aux personnes en fauteuil roulant.

Alors qu'il était encore à l'hôpital, Rob Parsons a appris à utiliser SOLIDWORKS sans l'aide de personne. Il s'en est ensuite servi pour concevoir des commandes manuelles sophistiquées pour sa voiture de course de drift. (Image © Rob Parsons)

« Les gens qui aiment conduire veulent toujours retrouver cette capacité », explique Andy Blood.

Indira Lanig est l'ancienne directrice médicale de l'hôpital de réadaptation du Colorado du Nord, médecin traitant d'Andy Blood et membre du conseil d'administration de No Barriers USA.

« Je suis convaincue que le transport et la mobilité des survivants de lésions de la moelle épinière est un besoin terriblement négligé », dit-elle. « Il existe bien des services de transport, mais ils ne se prêtent pas à la spontanéité de la vie, au sentiment d'indépendance que souhaite vivre toute personne adulte. Les obstacles à la mobilité ont aussi un coût indirect : baisse de productivité, qualité de vie, sensation d'enfermement dans sa maison et dans sa tête. »
 

RESTER AUX MANETTES

Refusant de telles restrictions pour eux-mêmes comme pour les autres, Rob Parsons et Andy Blood étaient déterminés à créer des technologies d'adaptation plus abordables.

« C'est formidable d'avoir des capacités telles que les nôtres », se réjouit Andy Blood. « Nous fabriquons des commandes manuelles pour le tout-terrain, et nous allons lancer une école de conduite tout-terrain. Nous avons trois ou quatre versions de commandes à faire essayer pour voir à qui elles conviennent le mieux.

« LES GENS QUI AIMENT CONDUIRE VEULENT TOUJOURS RETROUVER CETTE CAPACITÉ. »

ANDY BLOOD
FONDATEUR DE BLOOD BROTHERS FOUNDATION ET DE RUNNIT CNC

Blood et Parsons ne sont pas les seuls gourous de la mécanique intéressés par la conception axée sur les capacités uniques d'un conducteur. L'an dernier, le Nevada a été le premier État américain à délivrer un permis de conduire restreint à un tétraplégique, Sam Schmidt, propriétaire de l'équipe IndyCar Series de Verizon, paralysé à partir du cou à la suite d'un accident de course en 2000. La voiture de Sam Schmit, une Corvette Z7 Stingray de 2014 - la fameuse Arrow SAM Car, a été modifiée pour permettre de changer de rapport avec des commandes vocales, de se diriger avec des mouvements de la tête, et d'accélérer et freiner au moyen d'un tube respiratoire.

« En ce moment, on ne parle que des véhicules autonomes et des voitures sans conducteur », déclare Will Pickard, ingénieur en chef d'Arrow Electronics sur la SAM Car. « D'un point de vue technique comme philosophique, les voitures sans conducteur sont une tentative de faire sortir les humains du circuit. Nous essayons de faire tout le contraire, c'est-à-dire de remettre un conducteur au poste de conduite.

Sam n'a pas changé après l'accident. Il est toujours pilote de course, et c'était un habitué des podiums. Simplement, il n'avait pas de voiture. Nous en sommes au stade où nous pouvons concevoir un système entièrement axé sur les capacités de l'utilisateur humain. Presque comme un athlète. »

Découvrez comment la Chairslayer Foundation utilise SOLIDWORKS pour créer des voitures de course modifiées :
http://3ds.one/Chairslayer
 
En savoir plus sur Blood Brothers Foundation:
http://3ds.one/BloodBrothers

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