Pour de nombreux consommateurs, choisir les options d'une voiture ou les éléments d'une cuisine s'avère être une tâche décourageante. Peu importe le nombre de nuanciers ou d'échantillons de tissus qu’on leur présente, il leur est impossible de se rendre compte de leur ressenti final, tant que le produit n'est pas livré. Or les modifications de choix, à postériori, sont très coûteux, voire impossibles.
L’adaptation de la réalité virtuelle (RV) aux consommateurs facilite la commercialisation de produits complexes, même quand ceux-ci n’existent pas encore physiquement.
« Un catalogue ou des images 2D configurables par Internet ne sont pas des arguments suffisants pour décider ou non d’un achat », indique Hervé Fontaine, vice-président de la réalité virtuelle B2B chez HTC Vive, un constructeur de casques immersifs. « Lorsque nous parvenons à intégrer une expérience de réalité virtuelle à un nouveau domaine, le bon sens nous indique que plus de personnes vont être prêtes à acheter, car elles auront davantage confiance dans ce qu’elles voient »
CONFIGURATION D'UNE VOITURE AVEC LA RV
La Audi VR Experience utilise la technologie Vive pour transformer ses modèles de voitures 3D en démonstrations immersives. Au cours de cette expérience, les consommateurs choisissent les options souhaitées, parmi les 70 proposées, ainsi que les couleurs et les tissus, soit un millier de combinaisons au total, pour créer leur voiture idéale. En se déplaçant autour de la voiture virtuelle finalisée, les acheteurs peuvent soulever le capot et étudier le moteur ou s’accroupir pour observer le châssis.
GMC, de son côté, combine la puissance de la Vi avec les médias sociaux. Exemple, pour accompagner le lancement de son nouveau modèle 2017 Acadia, GMC a créé une vidéo immersive pour sa page Facebook qui permet aux consommateurs de découvrir l’intérieur de l’Acadia. Dans cette vidéo à 360°, les consommateurs ont le contrôle de la direction dans laquelle ils regardent et des fonctionnalités qu’ils veulent voir. Elle peut être visionnée sur un smartphone ou à l’aide d’un casque de RV, pour une expérience plus complète d’immersion. En plus de voir l’intérieur du véhicule, l’expérience permet aux consommateurs de paramétrer leurs options et de voir ce que cela donne à différent moments de la journée, comme par exemple voir, de nuit, ce que donne l’éclairage intérieur.
« LORSQUE NOUS PARVENONS À INTÉGRER UNE EXPERIENCE DE RÉALITÉ VIRTUELLE À UN NOUVEAU DOMAINE, LE BON SENS NOUS INDIQUE QUE PLUS DE PERSONNES VONT ÊTRE PRÊTES À ACHETER, CAR ELLES AURONT DAVANTAGE CONFIANCE DANS CE QU'ELLES VOIENT. »
HERVÉ FONTAINE
VICE-PRÉSIDENT RÉALITÉ VIRTUELLE B2B, HTC VIVE
« Le client veut être certain de vivre une expérience qui reflète la réalité », affirme David Nahon, directeur de la virtualité immersive au laboratoire 3DEXPERIENCE de Dassault Systèmes (éditeur de Compass). « Si vous achetez une voiture en choisissant toutes les options, vous ne la trouverez pas parmi les modèles exposés chez le concessionnaire. On pourra vous montrer toutes ces options, séparément, sur différentes voitures, mais vous devrez mentalement regrouper ces informations. La RV permet de connecter tous les éléments, vous offrant ainsi une expérience personnelle et réaliste, de ce que vous achetez. »
L’IMMOBILIER SE VISITE AVEC LA RV
Les habitations résidentielles sont difficiles à vendre, en partie parce qu’elles ne sont pas toujours accessibles. Les lieux de villégiature, par exemple, ne peuvent pas être visités en haute saison touristique. Les acheteurs qui déménagent n’ont parfois qu’un week-end pour visiter des biens. Les visites sont impossibles pour les projets sur plans, à moins que le constructeur ne propose des visites en RV.
C’est ce que fait Altarea Cogedim, une société de développement de biens immobiliers à usage commercial et résidentiel, basée en France et également présente en Espagne et en Italie. Il y a peu de temps encore, Cogedim présentait à ses prospects des plans physiques et des conceptions artistiques, afin de les aider à se représenter les propriétés après construction. Désormais, Cogedim a remplacé ces outils par la RV.
« Le client n’a qu’à choisir son plan au sol et mettre le casque pour visiter chaque pièce, mesurer l’espace disponible pour les lits ou vérifier s’il y a suffisamment de place pour le canapé », indique Thomas Penet, directeur marketing pour Cogedim. « Nous pensons que la RV sera de plus en plus utilisée au cours des 12 prochains mois. Nous nous préparons donc, dès à présent, pour répondre aux demandes des clients. »
LA RV ENCHANTE LES MAGASINS
La RV est également utilisée en coulisses par les équipes marketing en charge de la conception des commerces de détail. L’objectif : faciliter et rendre plus agréable pour les consommateurs l’achat dans de plus petits magasins en centre-ville, pour accroître les ventes et améliorer la fidélité d’une nouvelle génération de clients envers les commerçants et les marques.
C’est ce que propose, par exemple, le Shopping Innovation Lab (Silab), situé dans le nord de la France, où commerçants, distributeurs et fabricants conceptualisent des expériences de shopping, depuis la conception de magasins entiers, avec extension de gammes, jusqu’à l’implantation des produits en rayon. Le laboratoire, payant, est accessible à tous ceux, commerçants ou fabricants, qui souhaitent disposer ainsi des technologies d’immersion les plus récentes à moindre coût.
« Nous nous intéressons à la manière dont les produits sont présentés, à l’organisation du magasin en général et au parcours du consommateur en particulier. L’utilisation d’un environnement virtuel est un moyen d’expérimentation bien plus rapide et moins cher », indique Jean-Michel Flamant, directeur du développement du Silab. « Auparavant, nous nous servions de modèles physiques pour tester les plans de magasins. Quand nous nous retrouvions face à un agencement qui ne marchait pas, il fallait repartir de zéro et tout reconstruire. »
Outre la conception de magasins pour les commerçants, le Silab aide les fabricants de produits de consommation à définir la mise en rayon idéale, pour mettre en valeur leurs produits.
« L’immersion 3D est un excellent outil de communication », affirme Jean-Michel Flamant. « Nous testons cinq options de merchandising différentes afin de choisir la plus efficace. Ainsi, les marques peuvent facilement convaincre les distributeurs de la nouvelle implantation de leurs produits. » ◆