La roue tourne

La production est l’affaire de tous

Willy C. Shih
25 April 2013

2 minutes

“Le gouvernement, l’enseignement et les entreprises devront travailler main dans la main.”WILLY C. SHIH

Comment décider de quel côté du Pacifique installer ses usines ? L’équation change. Lorsque la Chine s’est ouverte il y a plusieurs décennies, la différence de coût de main-d’œuvre (situé entre 30-pour-1 et 100-pour-1), et l’amélioration des communications étaient si importantes, qu’on pouvait faire fortune. Je pouvais déplacer ma production en Chine et être gagnant, même s’il fallait dix fois plus d’ouvriers. On a assisté à une chute du coût des chaussures de sport, de l’électronique et de nombreux autres produits, ainsi qu’à une délocalisation massive des emplois.

Aujourd’hui, les politiques américains parlent du retour du « Made in America ». La raison ? Le coût du travail en Chine a augmenté de 30% en 2011 et 25% en 2012, alors que le coût du travail aux états-unis est resté stable.

Avec la hausse du pétrole, les coûts de transport se sont envolés alors que la marge des produits a baissé. Ce qui signifie que les produits autrefois expédiés de Chine par avion passent aujourd’hui par le fret maritime et oblige à avoir cinq semaines de stock sur l’eau. Et le stock en transit coûte cher.

La réflexion sur la nécessité d’implanter le site de production à proximité des processus de développement change aussi. Nous pensons que tant que les produits et les processus ne sont pas matures, mieux vaut produire près des processus de développement, car les allers-retours entre le laboratoire et l’atelier sont nombreux. Ces 20 dernières années, ce point était résolu en envoyant des cadres en Chine entraînant des « frais de coordination ». Maintenant, on ne veut plus de ces dépenses.

Quant à savoir si Apple est sérieux lorsqu’il parle de consacrer US$100 millions à la construction d’une ligne de produits aux États-Unis, le temps nous le dira. Le groupe essaie d’être un bon citoyen. Mais il y a une grande différence entre « Fabriqué aux USA » et « Assemblé aux USA ».

Reconstruire la base de production prendra du temps et nécessitera des efforts coordonnés. Le gouvernement, l’enseignement et les entreprises devront travailler main dans la main afin de créer de meilleurs réservoirs de main-d’œuvre qualifiée, infrastructures et réseaux de fournisseurs. C’est alors seulement qu’une nouvelle industrie pourra réellement se développer.

Willy C. Shih, Professeur à Harvard Business School et ex-dirigeant entre autres de Eastman Kodak et IBM et d'autres entreprises américaines, est le co-auteur du livre "Producing Prosperity: Why America Needs a Manufacturing Renaissance."

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