Francine Acher

La découverte d'une molécule pourrait améliorer le traitement de millions de patients.

Lindsay James
15 June 2019

3 minutes

Francine Acher a su transformer les difficultés qu'a vécues sa famille en une véritable source d'inspiration. Sa vie, elle l'a consacrée à la recherche de traitements des maladies neurologiques afin de révolutionner le domaine. Et son rêve pourrait bientôt se réaliser.

Francine Acher, biochimiste et directrice de recherche à l'Université de Paris, fait partie de l'une des deux seules familles juives ayant échappé à l'Holocauste et au ghetto de Varsovie. Cette histoire a fait naître en elle une réelle passion, celle de la détermination, qui pourrait bientôt améliorer la vie de 10 millions de personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

« J'ai hérité de l'énergie débordante et de la motivation de ma famille », explique-t-elle. « Ma mère a eu une vie très difficile pendant la guerre. Cela explique sa propension à profiter de l'instant présent. Elle m'a transmis son enthousiasme et sa motivation. Quand je fais quelque chose, je le fais de toutes mes forces. »

L'optimisme de Francine Acher a été mis à l'épreuve à plusieurs reprises. Elle a notamment perdu son père dès l'âge de 14 ans. De la première génération de sa famille à naître en France, elle s'est toujours sentie différente de ses amis.

« Jamais je n'aurais laissé les mauvaises expériences passées m'empêcher de réussir dans la vie », dit-elle. « Je suis différente, mais cela m'a donné encore plus de détermination pour bien faire les choses. »

Francine Acher a excellé à l'école et s'est très tôt passionnée pour les sciences. Au cours de ses études de doctorat spécialisées dans les techniques de production pour la biochimie, elle a obtenu un poste au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui a financé la suite de ses études à l'Université de Californie, à Berkeley. À son retour à Paris, elle a rejoint un laboratoire de recherche en biologie nouvellement établi à l'Université de Paris, où elle travaille depuis 32 ans.

Francine Acher et ses collègues du CNRS ont fait un certain nombre de découvertes révolutionnaires avec des conséquences importantes pour les troubles du système nerveux central (SNC) qui incluent la maladie de Parkinson. (Image © Dassault Systèmes / Jeremy Levin)

Les premiers travaux de Francine Acher ont porté sur la création de molécules qui pourraient aider les chercheurs à comprendre le mécanisme de la coagulation du sang.

« Les molécules que je créais ne répondaient pas vraiment au but recherché », explique-t-elle. « Cependant, j'ai découvert qu'elles pourraient avoir des applications dans le système nerveux central (SNC). J'ai contacté les personnes qui travaillaient dans ce domaine – un groupe de chercheurs du CNRS à Montpellier, dirigé par Jean-Philippe Pin – et je travaille d'ailleurs encore avec eux à ce jour. Je fais partie de l'histoire depuis le début ; c'est très important pour moi. »

En collaboration avec l'équipe de Jean-Philippe Pin, Francine Acher et ses collègues ont fait un certain nombre de découvertes révolutionnaires avec des conséquences importantes pour les troubles du système nerveux central, dont la maladie de Parkinson, les troubles psychiatriques, la douleur, la toxicomanie et l'épilepsie.

« Les membres de notre équipe pluridisciplinaire viennent de tous les horizons. Chimistes, pharmacologues, biologistes moléculaires, biologistes du comportement... Nous travaillons tous main dans la main », souligne Francine Acher. « Grâce à un logiciel de modélisation 3D et à la technologie de simulation, nous avons fait des avancées considérables en étudiant le mécanisme d'activation du récepteur, avant de découvrir, par criblage virtuel, une molécule que nous avons développée en une série de produits dérivés plus puissants et plus sélectifs. Ceux-ci nous ont permis de valider les récepteurs ciblés (mGluR) comme des cibles thérapeutiques prometteuses pour la maladie de Parkinson, les troubles psychiatriques, la douleur, la toxicomanie et l'épilepsie. Nous avons pu ensuite développer d'autres molécules, dont une est maintenant utilisée dans des essais cliniques pour le traitement de la maladie de Parkinson. »

La recherche offre un véritable espoir pour réduire les effets indésirables des traitements actuels du système nerveux central.

« Actuellement, 70 à 80 % des personnes souffrant de la maladie de Parkinson prennent du Levodopa, un médicament mis au point dans les années 60 qui, bien qu'il soit efficace dans le traitement de la plupart des symptômes de la maladie, s'accompagne également d'effets incapacitants », déclare Francine Acher. « Un médicament dérivé de notre découverte moléculaire initiale pourrait réduire un grand nombre de ces effets secondaires. Nous sommes en attente d'une approbation par la Food and Drug Administration [États-Unis], si son efficacité est prouvée sur un grand nombre de patients. En cas de succès, il pourrait transformer la vie de plus de 10 millions de personnes atteintes de la maladie. »

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